Tate Modern

Depuis juin 2006, les Pingouins Guerriers sont déposés de manière secrète et sans autorisation dans divers lieux culturels et privés. « Mon action artistique consiste à disséminer ces Pingouins Guerriers à travers le monde. L’objectif est de créer ainsi un signe répétitif et énigmatique ".

Ce sont des sculptures en plâtre d’environ 33 cm de haut. Ils sont fabriqués en série limitée à partir de deux moules. Les Pingouins Guerriers symbolisent le Témoin, synthétisé par l'oeil qui regarde. Un témoin muet, incapable de réaction, mais qui par le seul fait d'être là change ce qu'il voit. La tête de ces pingouins s'apparente au masque, qui cache et protège à la fois. S'ils portent des épées, c'est qu'ils mènent un combat.

Le cercle au sein duquel sont disposés les Pingouins Guerriers symbolise la figure de la résistance et de la protection. Dans le contexte actuel, cette oeuvre vise à rappeler qu'il existe partout en Europe de silencieux témoins d'un durcissement des politiques, et des dérives sécuritaires qui leur sont associées. Ce qui fait naître cette interrogation : de quoi l'Europe a-t-elle peur ? A l'heure où la censure et l'autocensure sont en pleine expansion.

Pourquoi la Tate Modern ?
Pour la beauté du lieu et des œuvres qui y sont exposées, avec beaucoup d’intelligence. Mais aussi parce que la surveillance (des œuvres et du public) et la promotion de l’art officiel y règnent sans partage.

Vous souvenez-vous ? Un Pingouin Guerrier a été parachuté en novembre dernier dans la salle du musée où est exposée la voiture de Beuys. En moins de deux heures, ce Pingouin Guerrier a été repéré et enlevé. Il a disparu, comme on fait disparaître un témoin gênant. Ma petite performance m’a alors semblé dérisoire. D’où l’idée d’organiser cette installation d’une cinquantaine de Pingouins Guerriers, afin que cette œuvre d’art puisse prendre toute sa mesure dans un lieu comme la Tate Modern.

Une particularité des Pingouins Guerrier
A partir du moment où les Pingouins Guerriers sont installés, le public peut les emporter, se métamorphosant alors de simple spectateur en acteur, sans devenir pour autant hors-la-loi. En même temps que l’œuvre d’art échappe ainsi au rapport à l’argent, elle invite le public à se faire le relais de la signification qu’elle porte.

A Berlin, en juillet dernier, dans plusieurs galeries d’art contemporain et chez des particuliers.

A Paris, au musée Guimet, au beau milieu d’un mur de sculpture chinoise du XVème siècle ou en septembre, au nouveau musée du Quai Branly.

A Londres, au mois de novembre, à la Tate Modern et dans plusieurs galeries d’art.